Brève histoire approximative de Globenet
Globenet a plus de dix ans. Trois époques en dix ans, trois équipes, beaucoup de monde y a participé, beaucoup de trajectoires s’y sont croisées. Pour ne pas en perdre la mémoire, on a essayé de retrouver l’histoire de Globenet. Une histoire approximative, écrite à plusieurs mains à partir des traces et des fichiers retrouvés dans les recoins poussiéreux des disques durs. Une histoire subjective, triée, interprétée et ordonnée par celles et ceux qui « n’étaient pas là à l’époque ».
1995-2000 : l’origine de Globenet
L’association Globenet a été créée en février 1995, afin de fédérer les projets de plusieurs associations et ONG qui s’interessaient alors à Internet, nouveau média et moyen d’action pour celles-ci. Globenet s’adresse aux réseaux de communication électronique pour les « individus, professionnels et organismes travaillant dans les domaines de l’énergie, de l’environnement, de la justice sociale et économique, soutenant le développement technologique et économique des pays en développement ou en voie de développement des droits de l’homme, de la paix, de l’art et des échanges culturels ».
À cette époque, l’Internet tel que nous pouvons le connaitre aujourd’hui est naissant pour le grand public ; il n’existe presque pas en dehors des réseaux universitaires, gouvernementaux ou industriels. Globenet est alors pionnier dans les techniques et les usages de communication par les réseaux pour la « sociéte civile ». En relation étroite avec des associations internationales comme WISE International ou l’APC (Association for Progressive Communication), Globenet explore les possibilites d’un « réseau de réseaux », essaie de coordonner l’usage de la communication électronique initié au cours des années 80 et 90 dans le milieu des ONG et d’organisations militantes et s’intéresse déjà à la problématique de l’Internet dans les pays du Sud.
Concrètement, les moyens mis en place dès 1995 sont des listes de
discussion, messageries, et sites (sous la forme de « BBS », technique existant avant les sites web) ; Globenet propose également dès 1995 un moyen d’accéder au réseau pour les particuliers, bien avant l’émergence des grands fournisseurs actuels d’accès à internet. Il s’agissait d’utiliser l’outil Internet pour un usage non marchand et solidaire, d’aider les associations à s’approprier l’outil afin d’ouvrir de nouvelles possibilités en matière de partage des ressources, d’échange d’idées, de diffusion et promotion des informations. Les fondateurs voyaient Globenet comme un « village associatif » propice aux échanges transversaux entre des acteurs de la solidarité et de la citoyenneté venant de tous les horizons (solidarité internationale, environnement, développement local, magazines alternatifs, syndicats…). À cette époque, l’équipe a notamment édité avec la Fondation de France, un guide pratique à destination des associations intitulé Les associations, le multimédia et Internet - Pourquoi et comment s’en servir ?.
De 1995 à 2000, l’activité se poursuit sur trois pôles :
– fournisseur d’accès à Internet ;
– point de rencontre et de synergies pour les ONG et associations de solidarité, développement local ou citoyenneté (RITIMO, CEDETIM, Droit au logement, Médecins du Monde, Attac, Reporters sans Frontières,
Emmaüs,...) ;
– expertise de l’accès public à Internet et de la démocratisation des outils Internet dans des perspectives de développement local (partenaire de l’opération "Internet dans les quartiers" dès 1997) ou international (réseau ANAIS vers l’Internet en Afrique, formation de techniciens pour la mise en place en Afrique d’infrastructures aidant à démocratiser l’usage d’Internet).
2000-2004 : développements
À partir de 2001, avec Placenet, French Data Network (fournisseurs d’accès associatifs), Gandi (fournisseur de noms de domaines à bas prix) et Netaktiv (fournisseur de services Internet), Globenet fonde Gitoyen, opérateur de télécommunications sur Internet ; cette structure, cogérée et sans objectifs lucratifs, permet aux structures citées ci-dessus de partager leurs coûts et consolider leur indépendance technique.
L’association travaille aussi, à cette époque, en liaison avec le ministère des Affaires étrangères, autour d’un projet de soutien des acteurs associatifs dans des pays africains. Globenet soutient des associations africaines (coopération, droits de l’homme, droit de la presse) et organismes émanant de l’ONU (Institut Panos) en aidant dans un premier temps à héberger leurs sites en attendant qu’ils puissent être autonomes techniquement et participer au transfert d’expériences.
En 2002, Globenet met en place, sous le nom No-log, un service grand public d’accès à Internet et de messagerie, mettant l’accent sur le respect de la confidentialité des données personnelles, et de l’autonomie par rapport au secteur marchand ; Globenet réaffirme ainsi que la libre communication électronique n’est pas un moyen dans une logique de profit, mais une fin en soi.
Globenet participe avec d’autres associations à la création de la
Fédération informatique et libertés, organe de vigilance sur le terrain des informations personnelles à l’époque des premières lois de surveillance de l’Internet. Globenet organise avec d’autres associations l’événement national No-Zelig, série d’ateliers et conférences sur le thème de l’usage militant de l’informatique et des réseaux et participe au Médialab, ateliers, formations et conférences à la Maison des métallos à l’occasion du Forum social européen.
Durant ces années, Globenet participe activement au développement de solutions logicielles permettant facilement à d’autres groupes ou associations de proposer des services sur Internet (hébergement de sites web, messagerie, listes de discussion), et soutient l’AutreNet, hébergeur web autogéré.
2004-2006 : crise et mutation
À partir de 2004, la fin de certains contrats (collaboration avec la
Fondation de France, par exemple) réduit les ressources de Globenet ; de plus, de nombreuses associations, membres et utilisatrices de Globenet, subissent la fin des contrats d’emplois aidés et la réduction de leurs subventions publiques. Globenet enregistre une chute de ses ressources et une proportion croissante d’impayés qui aboutit, en 2004, à une lourde dette.
Malgre une campagne de soutien activement relayée sur Internet, la situation n’est financièrement plus tenable, et Globenet doit licencier ses quatre salariés. Des assemblées générales extraordinaires et réunions publiques aboutissent à la constitution d’une équipe de bénévoles qui decident de reprendre en main le projet ; Globenet abandonne le fonctionnement salarié, reduit ses coûts à l’essentiel, et entreprend de consolider et simplifier son fonctionnement pour assurer la pérennité des services rendus aux membres. Apres une année de transition et reprise en main de la structure, la balance comptable est bénéficiaire et permet le remboursement des dettes bancaires, les services ont réouvert et Globenet recommence depuis janvier 2006 à accueillir de nouveaux membres.
En avril 2006, Globenet c’est :
– 250 comptes d’hébergement ;
– 400 sites web ;
– 350 listes de diffusion d’information ;
– 7000 boîtes mail ;
– 8 ateliers ou mini-conférences en libre-accès, depuis janvier 2005, autour des réseaux et des logiciels.
Et pour le service No-log :
– 20000 boîtes mail ;
– 5000 heures de connexion a Internet par mois.
Globenet se distingue par :
– la variété des services proposés : hébergement complet, serveurs dédiés, accès à Internet, courriel gratuit ;
– l’indépendance totale : pas de subvention ni mécénat, gestion technique et non-technique autonome et libre par des bénévoles, connexion au réseau autonome et libre ;
– un effort important d’ouverture et de transparence ;
– une offre de services et la diffusion d’informations sur les enjeux.
Globenet se définit maintenant comme « une association militante, au
service de la liberté d’expression, hébergeant et offrant des services Internet » et s’est recentré sur l’expertise et le soutien technique aux initiatives non marchandes sur Internet. Techniquement et humainement, l’association fonctionne sur une petite équipe bénévole d’une douzaine de personnes qui s’attache à la transparence et à l’ouverture, par des réunions publiques régulières et par la diffusion sur Internet de toutes les informations disponibles sur le fonctionnement interne.