| CONTRIBUTION DES SYNDICATS MEMBRES DU
COMITÉ FRANÇAIS DE SOLIDARITÉ INTERNATIONALE |
-CFDT-CFTC-CGC-FEN-FO-
PROMOUVOIR UNE COOPÉRATION AU DÉVELOPPEMENT SOLIDAIRE
A L'ÈRE DE LA MONDIALISATION
1. Mondialisation et développement, des enjeux contradictoires ?
Malgré les promesses et les espoirs dont elle est porteuse, la mondialisation risque de s'enrayer si ses retombées positives tardent à se manifester pour les populations des pays industrialisés et ceux des pays en voie de développement et si de plus, elle est associée dans l'esprit du public à la précarité des situations sociales, à la montée des fortes inégalités entre pays et au sein de chacun d'eux, au mouvement de dérégulation vers le moins disant social du modèle néolibéral et aux risques de marginalisation de continents entiers comme l'Afrique et de larges régions d'Amérique Latine et d'Asie.
Il convient pourtant de réaffirmer avec force, que la mondialisation en cours est un processus inachevé. Il est possible d'agir pour redonner le sens de l'universalité à un monde sans frontière et aussi sans repère et pour l'infléchir au profit de nos objectifs (respect des droits de l'homme universels, réduction des inégalités, développement au profit de tous etc..).
2. Promouvoir un développement solidaire à l'échelle mondiale
Pour parvenir à un développement solidaire qu'il nous faut penser désormais à l'échelle du monde, le mouvement syndical s'inscrit dans l'esprit du sommet mondial du développement social de Copenhague et entend avec tous ceux qui sont attachés à ses objectifs peser en faveur de :
- la coopération solidaire entre les états pour organiser l'interdépendance croissante des économies pour diminuer les contraintes et accroître les possibilités d'un développement au bénéfice de tous les pays.
- la régulation sociale des échanges en couplant le progrès des droits fondamentaux de l'homme au travail et l'intensification des échanges mondiaux. Le progrès économique et le progrès social doivent aller de pair ;
- l'extension du modèle démocratique porteur de valeurs universelles et de libertés sans lequel il n'y a pas de réel développement social durable et auto-entretenu.
3. Affirmer une politique de coopération syndicale au développement
Le mouvement syndical français y apporte sa contribution par le biais d'une politique de coopération au développement en cohérence avec ses valeurs et ses missions générales au service des travailleurs et leurs familles. Il s'agit d'une politique
- qui repose sur une stratégie d'acteurs permettant à l'ensemble des actifs et de leurs organisations, d'être des acteurs du développement au niveau local et national et des forces au service de la démocratie ;
- qui s'appuie sur la dimension européenne comme levier décisif d'une action syndicale efficace ;
- qui soit une composante essentielle de sa politique d'action nationale et internationale et renforce le mouvement syndical mondial démocratique dans les diverses composantes auxquelles nous appartenons .
4. Cet éclairage permet de saisir nos priorités d'action au service des libertés, de la
démocratie, de la justice sociale et de la dignité. Nous entendons poursuivre
- Le combat pour l'état de droit et la démocratie. Sans la démocratie pas de syndicalisme possible. L'état de droit est le garant des libertés, le cadre nécessaire pour faire reculer les inégalités et l'arbitraire. Le syndicalisme a de l'avenir devant lui s'il est une école de démocratie pour lui-même et la société.
- La défense des libertés syndicales et des droits de l'homme universels comme condition préalable de l'action syndicale via un réseau en état d'alerte permanente.
- La bataille pour l'emploi et les conditions de travail mises en cause par les pratiques des multinationales dans les zones franches en particulier implique de renforcer notre campagne en faveur de la reconnaissance du lien entre le respect des droits fondamentaux de l'homme au travail et la libéralisation des échanges. Il s'agit de garantir que la croissance économique qui en résulte, engendre un progrès social et que dans chaque pays l'ensemble des travailleurs puissent profiter de façon équitable des fruits de la mondialisation. Elle doit s'amplifier sur divers terrains (comités de groupes, codes de conduite, labels sociaux, etc..) en s'appuyant sur le rôle et l'expertise reconnus à l'OIT .
- Le renforcement des capacités des syndicats des pays de l'Europe de l'Est est en voie de développement pour affronter les défis divers dans un monde en mutation et le renforcement de leur représentativité de l'ensemble des actifs en particulier des travailleurs du secteur informel via des programmes de formation, d'expertises et de soutien à des projets socio-économiques (coopératives, mutuelles etc..). C'est notre contribution au développement institutionnel.
- L'éducation au développement, à la tolérance et la laïcité, pour faire reculer le racisme et la xénophobie, les attitudes corporatistes et protectionnistes, qui nourrissent le repli sur soi et les crispations identitaires.
5. Progresser sur la voie d'une coopération syndicale avec nos partenaires
De nouvelles avancées sont possibles en faveur d'une coopération syndicale plus affirmée, plus
active et reconnue au sein de la coopération non gouvernementale. De nouvelles possibilités se présentent de mener une action complémentaire et convergente avec d'autres acteurs de la coopération française comme l'atteste notre choix d'oeuvrer au sein du comité français de solidarité internationale.
Nous nous proposons de creuser les pistes suivantes :
- Comment renforcer notre capacité d'intervention et nos programmes de coopération pour répondre à la complexité et à la diversification des demandes de nos partenaires syndicaux (politiques d'ajustement structurel, transition à l'économie de marché dans les pays du Sud et de l'Est, bouleversement des systèmes de protection sociale, modifications des marchés du travail, structuration des syndicats et de leurs compétences, etc..).
- Comment donner un nouvel élan à la campagne en faveur de la reconnaissance des normes sociales et des droits fondamentaux de l'homme au travail, au sein du mouvement syndical international et en alliance avec d'autres acteurs de la société.
- Comment impliquer les salariés et, plus largement, l'opinion en vue de les mobiliser davantage sur les enjeux d'un développement solidaire en développant une information régulière et adaptée.
- Comment affirmer une approche spécifique de la coopération syndicale et valoriser son apport comme expression du monde du travail et des réalités de l'entreprise.
- Comment intervenir de façon conséquente dans les prochains débats à venir ( à titre d'exemple, révision des accords de Lomé, crise de l'aide publique au développement et de sa conditionnalité)
6. Les évolutions souhaitables des politiques publiques de coopération
Pour une meilleure efficacité, transparence et visibilité au service du développement plusieurs évolutions nous paraissent essentielles dans les domaines suivants.
- Reconnaître le rôle décisif de l'acteur syndical dans la coopération non gouvernementale et le développement institutionnel, et son influence au sein du monde du travail, composante essentielle de l'opinion publique en apportant un appui plus conséquent à ses programmes de coopération et de sensibilisation des salariés.
- Valoriser une approche tripartite dans les programmes de coopération touchant aux relations sociales menée de façon autonome par les administrations (formation permanente, protection sociale, négociations collectives, conditions de travail). Vers un rôle plus actif du GIP-Inter du Ministère du Travail. Affirmer ainsi "un modèle social" distinct des organismes de Bretton Woods.
- Progresser sur la voie d'une concertation permanente institutionnalisée entre la puissance publique et l'ensemble des acteurs de la coopération et de la solidarité internationale par la création d'une commission nationale consultative de la coopération et du développement, cadre d'un dialogue permanent entre les divers acteurs sur les orientations et les priorités des politiques de coopération.
- Parvenir à une réelle articulation en vue d'assurer une meilleure cohérence et efficacité des politiques bilatérales nationales et communautaires de développement ainsi qu'entre les diverses politiques de l'union européenne (commerciale, agricole, développement et PESC).
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Pour obtenir des informations complémentaires, vous pouvez prendre contact avec le :
CFDT - Denis JACQUOT
4, boulevard de la Villette - 75955 Paris cedex 19
Tél. 01.42.03.80.73