Cette page est une version archivée le 02 avril 2006 du site/annuaire horizon local de Globenet.
Ce site est maintenant fermé; il n'est plus tenu à jour, les informations peuvent être datées ou erronées,
et le seront de plus en plus au fil du temps. Et les formulaires sont désactivés.

Les pays au coeur des initiatives locales

Par Carine Auzanneau - Animatrice de Sol et Civilisation


Tel était le thème des 4èmes Assises de Sol et Civilisation qui se sont tenues le 29 septembre 1995 à Paris devant 300 personnes. Les équilibres internes de la société sont rompus. Le travail réalisé au cours de ces assises par Sol et Civilisation a porté sur le rétablissement de l'équilibre interne des milieux ruraux. L'homme est au coeur de cette dynamique. Quel est le cadre le plus propice à l'émergence de ces initiatives, si ce n'est le pays ?

Les débats et la réflexion de cette journée se sont ancrés sur des témoignages de terrain.

Entre autres, celui d'Etienne Frommelt : il base le travail de l'association AMESUD (Cévennes ardéchoises) qu'il dirige sur l'écoute des habitants, de leurs besoins, de leurs attentes. Il a pour objectif d'y répondre localement : conforter les initiatives locales, accompagner les créations d'activités économiques, la formation professionnelle...

Pour redonner un élan, relancer une dynamique de développement, AMESUD a dû lutter contre les représentations erronées que les gens avaient en tête, comme par exemple l'idée répandue que les emplois sont en ville .

Pourtant, en Ardèche, le milieu rural crée plus d'emplois que les villes, et AMESUD n'est pas étrangère à ce résultat !

Pour Etienne Frommelt, l'essentiel est d'écouter et d'agir, puis se faire reconnaître. Les moyens suivent. Pour qu'un pays vive, il ne faut pas rechercher forcément la rentabilité, mais plutôt l'activité.

Un débat s'est engagé sur la base des témoignages des participants.
Des éléments d'une démarche permettant la genèse d'initiatives locales ont été mis à jour.

Une histoire commune est nécessaire à l'émergence d'une volonté initiale. La population doit s'approprier la dynamique. Il faut lui en laisser le temps.

Les gens se mobilisent autour de dénominateurs communs (par exemple, garder les jeunes au pays en Ségala Limargue). Pour les révéler, l'utilisation d'une méthode, comme l'audit patrimonial, un appui et une écoute extérieurs à la zone ont démontré leur utilité.

Un partenariat entre les différents acteurs prêts à s'engager autour de points identitaires peut alors se concrétiser dans une structure légitime. Elle permet d'organiser la concertation entre partenaires internes et externes au pays et de conforter ainsi la dynamique de développement engagée.

Tout cela n'est évidemment possible que si l'on peut mobiliser les moyens financiers au moment opportun ; c'est à dire dès que la demande initiale a émergé.

Pour tous, la réussite du développement repose sur les hommes. La création d'un nouveau métier d'animateur-développeur s'avère nécessaire pour mobiliser et former les ressources humaines, ce qui est primordial. Pour mettre en oeuvre leurs initiatives, ces porteurs de projet ont également besoin d'outils. Entre autres :

Des outils méthodologiques

Henry Ollagnon (professeur associé à l'Agro Paris-Grignon) a rappelé que la société urbaine est confrontée à des problèmes complexes comme la qualité de vie des banlieues, etc. Ce type de problèmes sort des champs de décisions individuelles et collectives : il entre dans le champ du bien commun. Des méthodes de gestion patrimoniale (déjà employées dans les grandes entreprises) permettent de les gérer.

Or, si le milieu rural est mal en point, si son évolution est largement déterminée par le milieu urbain, il conserve le savoir et le savoir-faire de la gestion du bien commun. Cette capacité des acteurs de proximité à gérer le bien commun (gestion des communaux, de l'eau, etc) a en effet longtemps été spécifique au milieu rural.

La qualité d'un territoire rural dépend, il est vrai, largement de sa prise en charge du bien commun. En réhabilitant la gestion du bien commun (en utilisant des outils de l'approche patrimoniale) sans toutefois la rendre obligatoire, les milieux ruraux pourront formaliser leurs offres et leurs demandes vis-à-vis du milieu urbain. Ce n'est qu'à cette condition qu'une négociation en adultes pourra s'engager entre milieux urbains et milieux ruraux ; négociation dont la condition et l'objectif sont l'émergence d'une nouvelle convivialité.

Des outils financiers

Michel Ménard (ancien conservateur des hypothèques) a insisté sur le fait que la mobilisation de l'épargne locale au profit des PME-PMI locales peut être facilitée au moyen d'un fonds de garantie des fonds propres.

Jean Dupuis (Sol et Civilisation) a doublement justifié cette idée. D'une part, permettre aux personnes qui investissent leurs ressources propres en milieu rural de ne pas prendre des risques d'immobilisation anormaux et tenir compte du fait qu'ils investissent là oû les autres ne le feraient pas, c'est régler un problème de justice et non pas de technique bancaire. D'autre part, en investissant localement, le rural crée de la vitalité et donc son patrimoine prend globalement plus de valeur, ce qui n'est pas le cas lorsqu'il investit dans des SICAV qui délocalisent les capitaux en fonction de leur seul rendement apparent.

Jean Paul Huchon (parrain de Sol et Civilisation) a insisté sur le fait que le pays est le lieu au sein duquel on est capable de saisir une solidarité économique et sociale. Or, il y a un paradoxe amer entre les risques financiers pris par le système bancaire sur l'immobilier, l'affaire Barings, etc, et la prise de risque refusée pour le soutien d'une P.M.E. en milieu rural. Un fonds de garantie alimenté par les banques qui prêtent en milieu rural pourrait être géré localement. Il serait assis sur la mobilisation d'une épargne volontaire de proximité. C'est une étape indispensable pour donner corps à la notion de pays. Pour Jean Paul Huchon, si small is beautiful , il faut s'en donner les moyens.


Sol & Civilisation - La lettre, numéro 1; février 1996

Pour plus d'informations, contacter: Sol et Civilisation
50 rue de Charonne - 75011 Paris - Tél: 48 05 53 11 ; Fax: 47 00 83 01


| Sommaire | Homepage |

Horizon Local 1997
http://www.globenet.org/horizon_local/
http://www.macbroker.com/:cserve/langevin/horizon.htm