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Les jeunes et la solidarité internationale : Bilan et perspectives de la pratique des rencontres de jeunes du Nord et du Sud

Par HERMELOUP Coralie
Date de la fiche : 1997/02/03.


L'éducation des jeunes à la solidarité internationale : un devoir, des pratiques.

En adhérant à la Convention Internationale sur les Droits de l'Enfant, les Etats signataires se sont engagés selon les articles 13 et 29 à "éduquer les jeunes à respecter les droits de l'homme, les valeurs de leur culture, celles de cultures différentes de la leur", et "à faire droit aux aspirations des jeunes dont la plupart sont très ouverts aux initiatives de solidarité internationale". Dans cette perspective, le Conseil Français des Associations des Droits de l'Enfant (COFRADE) qui a pour vocation de faire appliquer cette convention en France et par la France, a inscrit depuis 1992 au programme de sa commission "Dimension Internationale de la Convention" la question de l'éducation des jeunes à la solidarité internationale, en particulier dans la relation Nord-Sud. C'est dans ce cadre que l'association Enfants Réfugiés du Monde a été mandatée pour mener une enquête sur les pratiques de rencontres de jeunes du Nord et du Sud. Cette enquête a donné lieu à un rapport dont les grands axes sont ici présentés.

Dans le cadre de cette enquête 24 structures ont été sélectionnées comme études de cas. Les 2/3 des organismes étaient issus du milieu associatif contre 1/3 de structures institutionnelles. Les actions menées se répartissaient pour moitié entre l'Ile de France et les autres régions. La majorité des échanges s'est effectuée du Nord vers le Sud. Plus de la moitié des programmes étaient dirigés vers des partenaires africains contre 21% en Europe centrale, 17% en Amérique latine et 8% en Asie. La majorité des rencontres se sont réalisées dans le cadre de programmes d'aide au développement (apport matériel, chantiers). Les échanges culturels ne concernaient qu'un quart des rencontres. Au total 316 jeunes entre 12 et 16 ans ont étés concernés par ces échanges.

Des échanges exaltants mais des lacunes à combler.

Deux remarques préalables liées au manque de financement : l'inégalité des chances des jeunes quant à l'opportunité de vivre ces expériences, du fait de la participation financière demandée aux familles ; le manque de réciprocité, la venue des partenaires du Sud ne bénéficiant que très rarement de financement.

Le temps de préparation de l'action est sous estimé. De l'avis des responsables il mériterait entre 18 mois et deux ans. Les responsables consacrent le plus gros de leur temps à la recherche de financement souvent aux dépens du contenu pédagogique. Ils sont très peu informés sur les sources de financement existantes et très peu obtiennent des financements conséquents de la part des pouvoirs publics.

Sur le plan pédagogique, la composante interculturelle est insuffisamment abordée. Les responsables de programmes sont demandeurs de formation dans ce domaine. Souvent les organisateurs ont dû convaincre parents, collègues et supérieurs hiérarchiques du bien fondé de leurs démarche et les rassurer sur les "risques encourus". La présence de personnel de santé et de personnes originaires du pays partenaire ont apaisé les esprits.

L'absence d'évaluation conçue dès le départ rend difficile d'apprécier les effets des rencontres sur le plan qualitatif. La plupart des bilans sont rédigés à l'attention des financeurs et les échecs ou problèmes rencontrés sont largement occultés. Il faudrait connaître au préalable les stéréotypes, clichés, connaissances des jeunes vis à vis de leur partenaires avant le départ afin de voir dans quelle mesure ces rencontres ont "éduqué à la solidarité internationale".

Une modification des représentations des jeunes.

Tous les jeunes partis dans le cadre de la rencontre se sont dit ravis par l'expérience qu'ils ont vécue. Les séparations ont été difficiles avec leurs amis guatémaltèques, africains, bosniaques. Certains ont décidé de pérenniser ces actions mais, sans l'appui de personnel adulte, les échanges sont devenus de plus en plus sporadiques. Quelques groupes ont constitué des associations et seulement 4 ont accueilli leurs partenaires en France l'année suivante. Quant à l'impact de telles actions sur le développement personnel des jeunes il convient d'être prudent. Les organisateurs affirment que les jeunes ont mûri. Leur comportement exemplaire a surpris. Certains ont décidé de travailler plus tard dans le secteur humanitaire. Leur représentation de l'Autre a également changé. Pour les jeunes du Sud il y a eu une démystification du Nord, et ils ont moins tendance à idéaliser les pays industrialisés. Les jeunes du Nord ne perçoivent plus de la même façon les communautés immigrées en France. Ils ont également pris conscience des inégalités. La représentation que les jeunes avaient d'eux-mêmes a également été modifiée dans le sens d'une valorisation et reconnaissance personnelles du jeune qui s'est responsabilisé et a fait "oeuvre utile". Cela a généré, dans certains cas, une relance de la dynamique personnelle à l'école, une réconciliation avec le pays d'origine pour certains jeunes résidant en France. Ces rencontres ont également favorisé une confirmation de leur valeur identitaire, de leurs repères, valable aussi bien au Nord qu'au Sud. "Les Indiens nous ont dit : que vous soyez venus nous voir, ça nous rend homme".

On ne saurait enfin oublier que l'étude ne portait que sur les appréciations des adultes organisateurs. il faudrait pouvoir l'enrichir d'une consultation des jeunes. En plus de valoriser la dimension participative des jeunes dans l'élaboration et la préparation des rencontres, cela permettrait notamment d'affiner les critères d'évaluation et de vérifier les hypothèses émises par les adultes.

La rencontre sur les rencontres : le nécessaire partage des expériences.

Les responsables de ces projets de rencontres de jeunes Nord/Sud ont émis le souhait lors de leur consultation de rencontrer d'autres personnes oeuvrant dans le même sens qu'eux pour qu'ainsi ils se sentent moins isolés. C'est dans ce cadre qu'ERM et la COFRADE ont organisé grâce au financement du FNDVA "une rencontre sur les rencontres" qui s'est déroulée les 17 et 18 mai 1996 au FIAP. Ces journées se sont déclinées selon quatre axes : le témoignage de responsables, la présentation de l'étude, la conduite d'ateliers, des interventions pédagogiques sur les thèmes de la formation, de l'évaluation et de la capitalisation d'expériences. A l'issue de ces journées les participants ont reconnu la richesse d'une telle réunion et évoqué la possibilité de former des groupes de travail sur les différents thèmes soulevés lors de ces deux jours.

Le travail d'enquête, les journées de rencontre, la production et la diffusion des trois documents issus de ces réunions, ont nécessité un budget de 113.000 FF.

RESEAU : COFRADE. ENFANTS REFUGIES DU MONDE.

Organisme : ENFANTS REFUGIES DU MONDE.
Adresse : Cap Gaillar, 34 rue Gaston Lauriau, 93512, Montreuil cédex, FRANCE. Tél. 01 48 59 60 29. Fax. 01 48 59 64 88
Mots-clés : ENQUETE; VOYAGE; IMMIGRE; CONFERENCE; RENCONTRE DES CULTURES.
LOCALISATION : PARIS; ILE DE FRANCE.
Public : JEUNE; ADULTE.

D'après : Synthèse des travaux réalisés dans le cadre de l'atelier "Les jeunes et la solidarité internationale".


Dossier
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