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Décentralisation et développement local. Le Développement Local en 7 points...



l. Origines et définition

Cette expression " développement local " utilisée depuis quelques décennies en France, est d'un usage récent en Afrique Noire, usage largement impulsé du Nord, qui tend à supplanter celle de " gestion de terroirs " sans qu'il s'agisse en tout point de la même réalité.

Le couplage des deux termes " développement " et " local " appelle l'articulation de deux caractéristiques essentielles : la durée qui doit marquer toute démarche de développement, et l'espace, c'est-à-dire le territoire local concerné par cette démarche. Il a été défini comme " une intervention structurée, organisée, à visée globale et continue dans un processus de changement des sociétés locales en proie à des déstructurations et des restructurations " (Jacqueline Mengin dans le Guide du Développement Local, l'Harmattan, 1989).

2. Quel espace pertinent?

Au Nord comme au sud, nombre de plans d'aménagement et de projets de développement sont décidés de l'extérieur pour un territoire défini arbitrairement, parfois de très loin. Dans ce cas, plans et projets peuvent produire des effets matériels bénéfiques, mais on peut douter que ces effets soient durables dans la perspective d'un développement à long terme, progressivement maîtrisé par la population. La tentation est souvent de s'appuyer sur les délimitations administratives, établies plus ou moins artificiellement.

Quitte à retarder le démarrage du processus, la voie souhaitable serait plutôt d'initier le développement local dans des territoires correspondant à un espace de solidarité, dans lequel les habitants ont une histoire commune (parfois conflictuelle), à laquelle ils sont attachés individuellement et collectivement, dans lequel enfin ils ont envie de construire un avenir commun. L'expérience montre que c'est une condition nécessaire à la pérennité d'une telle démarche, même si elle ne paraît pas suffisante.

3. Un projet collectif

Il n'y aurait donc pas de développement local sans une volonté populaire et une démarche collective sur et pour un espace. Cette volonté consciente ou latente correspond à la capacité de l'ensemble des habitants quels que soient leur position sociale et leur degré de responsabilité à élaborer et mettre en œuvre un projet collectif en rapport direct avec leurs aspirations, leurs besoins et bien sûr les ressources locales. Un tel Projet, souvent implicite au départ, et par nature endogène, doit être à l'évidence évolutif et constamment adaptatif, ce qui suppose d'en garder la maîtrise et d'évaluer régulièrement l'adéquation entre ses résultats et ses orientations.

Ainsi le projet est global, concernant toutes les dimensions de la vie collective, aussi bien culturelles qu'économiques, même si les actions mises en œuvre à un moment donné sont nécessairement sélectives. En cela, il s'oppose à une démarche qui serait presque exclusivement la résultante, sans cohérence, de projets successifs, élaborés à l'extérieur d'un territoire pour le court ou moyen terme, et généralement très sectoriels. Ces projets exogènes ne sont cependant pas à rejeter globalement; leur utilité durable est fonction de leur intégration à un projet global, et donc de la maîtrise exercée par la population concernée.

4. Le rôle des acteurs

Devant cette multitude d'expériences, il ne faudrait toutefois pas penser que la volonté populaire à l'origine d'un projet collectif global est un ensemble cohérent, spontané, s'exprimant et agissant en tant que tel. Dans une grande majorité des cas, il y a une personne ou une équipe qui, ayant l'intuition de porter des aspirations de cette volonté collective, va jouer, au moins à l'origine, un rôle d'initiateur, de médiateur de la mise en œuvre progressive du projet.

Et puis les multiples facettes, parfois contradictoires, de la volonté populaire vont également s'exprimer et se confronter à travers la diversité des responsabilités et des groupes structurés au sein de cette population : des élus, des collectivités territoriales bien sûr (à condition qu'ils ne s'érigent pas seuls détenteurs du projet), les associations traditionnelles, les organisations à caractère professionnel (notamment les organisations paysannes), etc. Les intervenants extérieurs (administrations, bailleurs de fonds...) ont également un rôle essentiel, au moins dans les premières étapes de la démarche de développement.

De ce fait, une telle démarche apparaît beaucoup plus complexe, enjeu de multiples stratégies de pouvoirs pouvant conduire le projet à l'usure et à la disparition, après l'euphorie ou du moins les espoirs des premières étapes.

5. La nécessaire appropriation du projet

Certes, il convient de se garder de toute illusion : la diversité d'une société locale entraîne nécessairement des oppositions et des tensions, qui heureusement permettent d'éviter des pièges d'un faux consensus, mais aussi des phénomènes de marginalisation, voire d'exclusion, de certaines parties de la population (les jeunes, les anciens, les plus démunis...). Mais la démarche de développement local ne peut être durable sans une appropriation dont le signe est le développement de la faculté d'expression de toutes les composantes de la population.

À telle ou telle étape de la démarche, divers facteurs peuvent s'opposer à cette appropriation :

- le caractère artificiel d'une délimitation imposée du territoire;

- l'institutionnalisation et la tendance spontanée à la bureaucratisation du développement local;

- la captation durable du pouvoir pour les mêmes responsables, et les risques de notabilisation;

- le rôle excessif des intervenants;

- le manque de résultats concrets, notamment économiques, entraînant le découragement puis le dépérissement de la démarche et cela même si les structures subsistent...

6. La question des ressources

Les ressources humaines sont aussi primordiales que les moyens financiers, même si ceux-ci s'avèrent indispensables. C'est le projet maîtrisé qui doit décider de la progressivité des actions et des besoins de financement, et non la manne extérieure qui doit dicter les priorités du développement local. Dans la majorité des cas, la volonté collective a peu d'effet sur le développement local si elle reste cantonnée sur le terrain idéologique sans s'investir humainement et financièrement par une part, même minime, d'autofinancement. Mais localement, deux conditions paraissent aussi essentielles pour une démarche durable et crédible pour la population : (i) le choix et la réalisation de premières actions concrètes, à la fois symboliques et porteuses d'avenir (quelques emplois créés sur un territoire sinistré donnent confiance), (ii) l'incitation permanente à l'imagination et à la créativité des groupes sociaux et des individus, y compris dans le domaine économique.

7. Les échanges Nord / Sud

Les regards sur les expériences africaines et européennes laissent percevoir qu'il n'y a ni antériorité ni supériorité des unes ou des autres mais plutôt un ensemble de démarches, souvent originales, correspondant à des logiques et des besoins de même type. Ceci incite à accroître la réciprocité des expériences des uns et des autres, en espérant le jour où des experts africains viendront apporter leur savoir faire dans des zones rurales françaises en difficulté.

Contacts :

Agence Française de Développement (AFD), 5 rue Roland Barthes, 75598 Paris Cedex 12.

Association Française des Volontaires du Progrès (AFVP), Délégation Générale, BP 207 91311 Montlhéry Cedex.

Centre International pour l'éducation permanente et l'aménagement concerté (Ciepac), Atrium 45 - 663 avenue de la Pompignane, 34170 Castelnau-le-lez.

Centre National d'Etudes Agronomiques des Régions Chaudes (CNEARC) - 1101, avenue Agropolis, BP 5098, 34033 Montpellier Cedex 01.

Institut de Recherche et d'Applications des Méthodes de développement (IRAM), 49 rue de la glacière, 75013 Paris.

Institut National d'Agronomie de Paris-Grignon, 16 rue Claude Bernard, 75231 Paris Cedex 05.

Mairie conseils, service de la Caisse des Dépôts et Consignations pour l'appui aux communes rurales françaises, 106 rue de l'Université, 75007 Paris.

Ministère délégué - coopération et francophonie - 20 rue Monsieur, 75700 Paris.

Mission de décentralisation, BP 1420, Bamako, Mali.


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