Cette page est une version archivée le 02 avril 2006 du site/annuaire horizon local de Globenet.
Ce site est maintenant fermé; il n'est plus tenu à jour, les informations peuvent être datées ou erronées,
et le seront de plus en plus au fil du temps. Et les formulaires sont désactivés.

Ici et Ailleurs, Les MIGRANTS oeuvrent pour le DEVELOPPEMENT

Par Emmanuel Crouail


Nous sommes 1 français sur 6 issu de l’émigration de nos parents et grands parents : aventuriers, individualistes, rêveurs, fuyards, ennemis notoires, entrepreneurs… (Italiens, Polonais, Russes, Portugais, Pieds noirs, Marocains, Algériens, Maliens etc.) qui ont recherché, à la fois, une terre d’asile et un espace de création en France et se sont installés, malgré les risques, malgré la solitude, malgré les déchirures et les recommandations de ceux qui ont vécu cette difficile expérience.

Sans eux la France ne serait pas ce qu’elle est.

Ce droit au mouvement nous semble naturel, et inaliénable lorsque l’on voyage ou lorsque l’on va faire des études à l’étranger. Néanmoins, ce qui nous parait normal l’est moins lorsque l’on s’installe sur notre sol. L’immigration reste une interrogation touchant à notre identité. Les dernières lois françaises sur l’immigration ouvrent à nouveau le débat dont dépendront nos rapports avec le reste du monde et plus particulièrement avec les pays du sud, car les liens entre développement et migration sont nombreux.

Nous sommes 100 millions de migrants par an dans le monde, 35 millions en Afrique. La France et l’Europe n’en reçoivent qu’un quota minime. Les migrations se font sur ce continent du sud vers le sud et se traduisent de façon différente selon l’ethnie du migrant africain. “Pour les Soninkés, originaires du fleuve Sénégal, le voyage en France, comme sur le continent Africain, constitue une initiation qui se perpétue de génération en génération. Il s’agit d’une émigration tournante. Pour eux, les liens entre leur pays et le nôtre sont indestructibles. Ils sont historiques. Les Soninkés se sentent ici comme chez eux et n’ont absolument pas compris la violence des forces de l’ordre lors de l’intervention à Saint-Bernard” rappelle Pila Sallaberry de la CIMADE.

Comme nous, Bretons, Auvergnats, ou Corses, ils ont quitté leur village, leurs racines, leur famille pour aller à la ville (qui est devenu le centre du pouvoir économique ) avec leur savoir-faire, leurs coutumes, leurs spécificités et un désir de saisir des opportunités. A coté de cette raison économique, il y a aussi l’image de l’Europe et des européens qui jouent un rôle. “Je suis venu en France car je croyais y devenir immortel. Au Bénin, mon pays d’origine, je ne voyais jamais aucun blanc mourir. Alors je suis venu pour ne pas mourir.” confie de façon anecdotique Jean Gaspar Nassara, président du club “Les idées d’abord”*, pour mettre en lumière notre méconnaissance réciproque. L’Occident connaît mal l’Afrique. De culture orale, son histoire n'est pas inscrite et de nombreux mythes demeurent. L’Afrique, via les médias et surtout la télé, ne voit l’Europe que par ce qu’elle diffuse, notamment à travers les séries télévisées ou encore les informations. “Je suis venu faire mes études en France en croyant que c’était génial et facile; j’ai l’impression d’avoir été trompé.” avoue un étudiant ivoirien de Nanterre.

Venus en France dans les années 60, recrutés par les entreprises française, les migrants se voient maintenant montrés du doigt. Après des années de travail dans l’automobile ou le bâtiment, leurs papiers ne sont plus renouvelés par les préfectures. La loi n’a pas clairement défini les critères qui donnent accès ou non à une carte de séjour. Selon l’avis de la préfecture, un étranger pourra rester ou non en France. “Lorsque les dossiers de demandes de séjours étaient amenés individuellement à la préfecture, ils étaient toujours refusés. Lorsqu’ils sont proposés par le Collectif des Sans papiers, certains sont acceptés. Selon la préfecture à laquelle on fait appel, les critères divergent. Ici on privilégie le regroupement familial, là on demande d’avoir un travail.” dira un membre du Collectif des Sans papiers, pour montrer la flexibilité de l’interprétation de la loi. Elle se fait donc par relation et risque de se baser à la fois sur la force et sur l’apparence. Une inégalité se crée. Pourtant, il y a autant de migrants venus d’Europe que d’Afrique (voir graphique). Si les immigrants africains ont contribué au développement économique de la France, ils oeuvrent aussi pour le développement de leurs villages et réactualisent ainsi la solidarité internationale. Le GRDR*, association française de développement, offre aux migrants de la vallée du fleuve Sénégal, des formations sur le développement en partenariat avec le village d’origine et aide ces migrants.

“Les habitants du village d’origine sont en relation avec le GRDR sur place, et les migrants sont en relation avec l’association de Paris” raconte Samba Sila, membre du GRDR. Les migrants rapportent au pays à la fois de l’argent, un savoir-faire et des moyens, acquis ici. Plus de 750 millions de francs ont été renvoyés au Mali par des migrants. L’aide publique au développement de la France n'est que de 250 millions de francs. Les maliens bâtissent leurs propres écoles, paient les médicaments dans les centres de santé, font des mosquées. “On leur reproche de vivre en communauté sans tenter de s’intégrer, et alors ! Ils ont créé leur propre système de solidarité.” Ajoute Pila Sallaberry de la CIMADE*. La suppression des papiers a rendu des centaines d’africains clandestins (pas de papier, pas de travail, pas de logement...). Ils se sont regroupés. Les Africains ont le sens de la solidarité et de la responsabilité collective ici comme ailleurs.

“Que puis-je faire ?”on entend souvent cela à Étudiants & Développement. Et pourquoi ne pas monter un projet avec une association de migrants ? Nombreuses sont les associations étudiantes qui travaillent déjà avec ces associations en France. Il s’agit là d’une aventure passionnante qu’on peut vivre avec nos concitoyens.

* Le club “Les idées d’abord”, pour un partenariat dans l’espace francophone :
1 rue Giroudon – 95200 Sarcelles-Village
Tél. : 34 19 55 62

Le GRDR se trouve 20, rue Voltaire, 93100 Montreuil
Tél. : 48 57 75 80

La CIMADE est au 176, rue de Grenelle 75007 Paris
Tél. : 40 18 60 50


Etudiants et Développement

Pour plus d'informations, contacter:
Etudiants et Développement
21, rue voltaire 75011 PARIS
Tèl : 05 27 57 31 ou 44 93 90 90 , Fax : 44 93 77 23
e_et_d@club-internet.fr


| Sommaire |

Horizon Local 1996-2001
http://www.globenet.org/horizon-local/