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Commerce équitable entre l'Europe et le Tiers Monde

Par Paul Veit


Origine, sens et envergure

L'objectif principal du commerce équitable est de faire un pas modeste dans l'amélioration des relations Nord-Sud. Ceci se traduit en premier lieu par l'attribution d'un prix plus juste aux produits que le Nord importe directement du Sud. Au-delà de ce facteur majeur qui permet aux producteurs / travailleurs de bénéficier d'un revenu décent, d'autres critères sont également pris en considération dans les domaines sociaux et écologiques.

En Europe, ce commerce équitable est aujourd'hui promu par l'EFTA (European Fair Trade Association) qui est une association regroupant onze organisations de commerce équitable dans neuf pays européens. Après une coopération informelle durant une dizaine d'années, ces organisations ont officialisé leur collaboration en janvier 1990. Plusieurs de ces organisations travaillent depuis quelques décennies dans ce domaine et sont les pionniers du commerce équitable en Europe.

L'origine du commerce équitable

L'idée du commerce équitable n'est pas nouvelle. Lors de la Conférence des Nations-Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) en 1964 à Genève, le principe "Trade not Aid" (Du commerce pas d'aide - Handel statt Hilfe) fut lancé. Au cours de la conférence suivante en 1968 à New Delhi, les pays en voie de développement ont à nouveau présenté leurs revendications pour un commerce plus équitable - mais sans succès.

Cet échec a stimulé quelques groupes néerlandais à chercher des voies alternatives. En avril 1969 fut ouvert à Breukelen la première "Boutique Tiers Monde". L'objectif est de vendre des produits artisanaux du Tiers Monde provenant directement des producteurs (des artisans). L'initiative connut un succès franc, car deux ans plus tard quelque 120 boutiques vendaient des produits du Tiers Monde.

Le véritable démarrage du commerce équitable remonte à 1973, quand fut introduit le café indio "Indio Solidaritätskaffee" fourni directement par des coopératives du Guatemala. Le commerce équitable connut un développement encourageant avec le café, dont le chiffre d'affaires a rapidement dépassé celui des articles artisanaux.

De manière générale, l'on peut observer une évolution des objectifs des Boutiques Tiers Monde. A l'origine, celles-ci étaient plutôt des centres d'action de sensibilisation à la problématique du Tiers Monde que des agences commerciales. Au cours des années 80, les activités de commercialisation ont gagné en importance et elles ont pris une place équivalant à celle de l'information. La qualité des produits s'est sensiblement améliorée et la palette des produits s'est élargie. En outre, un véritable professionnalisme commercial a vu le jour dans certains magasins et l'on assiste aux premières percées dans les centres commerciaux. En 1988 un label "Fair Trade" sous le nom de "Max Havelaar" est attribué pour la première fois à un café. Max Havelaar est un personnage-clé dans l'histoire des Pays Bas: héros d'un roman du même nom écrit par Multatuli au XIXe siècle, il symbolise la révolte d'un citoyen contre l'injustice du système colonial de l'époque en Indonésie. Entretemps, des produits au label "Fair Trade" autres que le café sont en vente dans une dizaine de pays européens.

L'impact de l'évolution des prix des produits de base

En cette fin du 20e siècle, maints pays du Tiers Monde sont toujours largement dépendants des recettes à l'exportation de produits de base, de matières premières. Or pour toute une série de ces produits, les prix restent à des niveaux faibles ou se détériorent encore, en comparaison à l'évolution générale des prix. Selon des calculs de l'ONU, les prix réels - c'est-à-dire les prix exprimés en dollars et ajustés sur la base des prix des articles manufacturés exportés par les pays développés - des produits de base, autres que combustibles, auraient baissé de quelque 20 % entre 1985 et 1995.

Une première conséquence est bien sûr que les recettes générales des pays concernés reculent. En fin de compte ce sont les paysans individuels, les petits producteurs ou encore les travailleurs agricoles qui doivent supporter - proportionnellement - les plus lourds sacrifices. Démunis, ils ont énormément de difficultés à restructurer leur production.

Dans le cadre des relations entre organisations Fair Trade et coopératives, des initiatives plus prometteuses ont pu aboutir en matière de diversification. Au Costa Rica, par exemple, des paysans ont lancé parallèlement l'élevage de boeufs et la culture de noix.

Les signes distinctifs du commerce équitable

Les organisations Fair Trade privilégient les relations avec des coopératives plutôt qu'avec des personnes individuelles. Le fait de s'associer provoque chez les producteurs des liens de solidarité indéniables et met en place certaines structures (entre autres pour la commercialisation) qui s'avèrent bénéfiques pour tous. Parmi d'autres critères retenus par les organisations Fair Trade figure également tout un volet social et écologique. En effet, les coopératives sont soumises au respect des droits élémentaires des travailleurs et sont incitées à protéger l'environnement.

Ainsi les organisations Fair Trade se différencient des chaînes commerciales habituelles non seulement au niveau de la sélection des partenaires, mais également dans les méthodes de production et de commercialisation.

L'envergure du commerce équitable

Selon le rapport de Fair Trade, le volume des produits faisant l'objet d'un commerce équitable s'élevait à quelque 200 millions d'ECUS, soit à peine 0,1 % du commerce européen avec le Tiers Monde. Les organisations Fair Trade importent en provenance de 45 pays du Sud et sont en contact avec environ 800 partenaires commerciaux. Cet échange a permis à près de 800 000 familles productrices, soit quelque 5 millions de personnes, d'améliorer leur niveau de vie au quotidien.

Rappelons que l'idée de base de ce commerce est de verser au producteur une rémunération qui lui assure un niveau de vie décent. Dans les relations avec les coopératives du Tiers Monde les répercussions sont en général doubles: compte tenu du prix plus juste accordé au producteur, celui-ci peut à la fois assurer un salaire plus décent à ses travailleurs et dégager encore les fonds nécessaires pour réaliser de nouveaux investissements productifs.

Le produit ayant connu le succès le plus franc au niveau du commerce équitable est le café. En Amérique latine un réseau très large a été développé et il regroupe plus de 200 000 petits producteurs de café dans Frente Solidario de Pequeños Cafetaleros de America Latina. Le Frente dispose de représentations dans chaque pays latino-américain producteur de café; ces représentations regroupent à leur tour une douzaine de coopératives. Dans la mesure où les coopératives ont une certaine envergure dans une région déterminée, il n'est pas rare d'y observer un relèvement général des prix des produits de base.

Aujourd'hui le commerce équitable progresse entre 10 % et 25 % par an selon les pays européens concernés. Les Suisses sont les plus gros consommateurs de ce type de produits en Europe: le café Max Havelaar - présent dans 90 % des supermarchés du pays - représenté 5 % de part de marché, estime EFTA. Aux Pays- Bas sa part atteint presque 3 %.

Principale source: Fair Trade Jahrbuch 1995,
EFTA ( European Fair Trade Association )
Witmakersstraat 10
NL - 6211 JB Maastricht


ASTM - Brennpunkt Drëtt Welt, numéro 168, juillet 1997

Pour plus d'information, contacter : Action Solidarité Tiers Monde
39, rue du Fort Neipperg - L-2230 Luxembourg
Tél: 00352/ 400 427; Fax: 00352/ 40 58 49
Email: citim@ci.ong.lu


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