Les
personnes non-voyantes ne sont pas forcément exclues
de la navigation sur Internet. Des logiciels et des modes de
développement des sites permettent de leur rendre accessible
le réseau...
Association de type loi 1901, Braillenet1
est née en 1996, initiative à laquelle se sont
associés l'INSERM (Institut National de la Santé
et de la Recherche Médicale), l'ANPEA (Association Nationale
des Parents d'Enfants Aveugles), la société Eurobraille2,
spécialisée dans la recherche et le développement
d'appareils d'adaptation pour les personnes aveugles, la FAF
(Fédération des Aveugles de France)3,
et l'Université Pierre et Marie Curie.
Les objectifs de Braillenet sont multiples : la mise en place
dans les écoles, les universités et les centres
de formation, de stages intégrant des personnes handicapées
visuels pour leur permettre d'utiliser Internet ; le développement
de logiciels et de matériels adaptés ; et le conseil
aux réalisateurs de sites afin que leurs pages soient
les plus accessibles possibles : l'association vous propose,
par exemple, d'effectuer une évaluation de votre site
(Trois niveaux d'étude correspondent à trois tarifications
différentes). Braillenet, par ailleurs, participe au
projet international Web Accessibility Initiative4,
proche du W3C (World Wide Web Consortium).
Pour consulter des pages web, les utilisateurs aveugles utilisent
des synthèses vocales ou des afficheurs braille5.
Ils passent par un navigateur spécifique, ou par un logiciel
d'accès traduisant les navigateurs standards6,
qui retranscrira votre page par fragments, et non dans sa totalité.
Le logiciel déchiffre et retranscrit, ligne par ligne,
tous les éléments de votre page, qu'il s'agisse
d'images ou de texte. Il permet aussi une lecture synthétique
en proposant "tous les liens" de la page, ou "tous
les titres", afin que le lecteur puisse sélectionner
directement celui qui l'intéresse. Pour cela, images,
titres et liens doivent être les plus parlants possibles,
précis et synthétiques à la fois.
Il suffit de peu de choses pour rendre votre code plus facilement
consultable. Il convient notamment de l'écrire selon
les normes du W3C (voir fiche " Le
W3C "). Privilégiez pour cela les éditeurs
de HTML qui vous laisse le contrôle du code écrit,
et vous permettent de le modifier à la main, sans écraser
vos modifications à l'enregistrement. Les conseils développés
ci-dessous concernent aussi bien un public de mal-voyants (comme
les personnes âgées), ou celui souffrant d'un handicap
d'apprentissage ou d'un problème d'accès à
la souris.
Les commentaires textuels
C'est le but de la balise <alt = "..."> qui
devrait accompagner toute image (du reste "alt" est
une abréviation d'alternative). Sans les balises <alt>,
certains logiciels donnent, par défaut, le nom du fichier
(soit quelque chose ressemblant à "tetiere_docfinal_1.gif").
D'autres peuvent être paramétrés de manière
à ignorer toutes les images accompagnées d'une
balise donnée (par exemple <alt=" ">).
Plusieurs cas de figures sont à envisager :
- Votre maquette comprend des petites images (dites de décoration)
pour la mise en page, genre filets, bout d'en-tête, image-espaceur...
Il faut les agrémenter d'une balise du type : <alt
= " ">, avec un espace entre les guillemets.
- Vous utilisez des images en guise de titre : le commentaire
de l'image sera bien sûr le développé du
titre.
- Si vous placez des images d'illustration, imaginez une courte
phrase descriptive.
- Si votre image supporte un lien, c'est l'endroit idéal
pour décrire le contenu de la page-cible.
- Vous utilisez des "pictos" avec un lien dessus pour
la navigation (une petite maison pour le retour à la
page d'accueil, par exemple, ou une loupe pour le moteur de
recherche). Dans ce cas, la balise <alt> ne doit pas décrire
l'image ("petite maison", "loupe") mais
bien l'action qui en résulte ("Retour à la
page d'accueil", "Moteur de recherche").
A noter que le texte des balises <alt> est indexé
par bon nombre de moteurs de recherche (pour le cas où
vos titres sont sous la forme d'images).
Texte et mise en page
Certains mal-voyants vont effectuer des modifications sur leur
navigateur afin d'augmenter au maximum la taille des caractères
(ne faites pas de tableaux trop étriqués). Ils
modifieront les couleurs de fond, de caractères et de
liens pour obtenir des caractères très clairs
sur fond noir, bien plus visibles. Faites un test sur votre
site, pour voir comment il se comporte.
Pour la hiérarchie de vos titres, sous-titres, etc.,
utilisez les balises <H1>, <H2> (et respectez l'ordre),
etc., facilement repérables pour présenter la
structure de votre texte (grand titre, titre, sous-titre...).
Pour l'enrichissement typographique (police, couleur, taille,
etc.), utilisez les feuilles de style (CSS).
N'utilisez pas trop de tableaux pour votre mise en page. Ce
faisant, vous obligez votre lecteur à lire d'abord toute
la colonne de gauche, celle qui liste vos rubriques, le moteur
de recherche, la liste de diffusion, votre e-mail, etc., avant
d'accéder enfin au contenu de la colonne de droite. Une
bonne idée, si vous avez beaucoup d'éléments
répétitifs dans votre mise en page (une longue
colonne de gauche, ou bien une lourde bannière de tête,
composée de beaucoup d'images) : sur une petite image
du genre "espaceur" (image minuscule, d'un pixel sur
un pixel, qui sert à fixer les colonnes ou les hauteurs
de cases, dans les tableaux de mise en page, en modifiant sa
hauteur ou sa largeur), placez un lien vers un signet placé
au début de votre espace informatif, c'est à dire
après votre en-tête, votre navigation, votre bannière.
La balise <alt> de l'espaceur indiquera "Accès
rapide au contenu de la page", par exemple. De cette manière,
votre lecteur handicapé visuel, après avoir demandé
la liste des liens, cliquera immédiatement sur celui-ci
pour arriver directement à l'information, s'évitant
ainsi une lecture répétitive.
Autres conseils
Puisqu'il est possible de naviguer de lien en lien, faites en
sorte que le texte sur lequel il s'appuie soit à la fois
clair, compréhensible et pourtant concis (les afficheurs
braille pas trop chers ne proposent que 20 caractères)
: cela vaut la peine que l'on prenne quelques dizaines de seconde
pour leur rédaction.
Prévoyez une transcription écrite des fichiers
audio et vidéo, s'ils apportent une information supplémentaire.
Permettez que l'on "saute" l'animation flash de votre
page d'accueil, avant qu'elle ne se déclenche : pour
cela, placez un lien "Pour sauter l'introduction"
qui mène à une page d'accueil-bis, et à
un texte de bienvenue.
Enfin, si vous trouvez que les cadres (frames) sont vraiment
nécessaires, donnez leur des noms significatifs : non
pas "cadre du haut", "cadre du milieu",
mais "navigation", "contenu".
Les menus déroulants
Les menus déroulants servant à la navigation,
réalisés à partir de javascripts, sont
bien reconnus et retransmis par les logiciels d'accès
à Windows. Mais là aussi, il faut penser à
rédiger des textes alternatifs s'il y a des images (ceux-ci
s'affichent fort bien sur les menus déroulants, sans
gêner le déroulement ni la sélection d'un
sous-menu).
En revanche, si votre lecteur mal-voyant modifie les préférences
de son navigateur (couleurs de fond et de police), la couleur
de fond de vos menus disparaît : il sera nécessaire,
alors, de prévoir une version (utile également
pour les navigateurs ne supportant pas les javascripts) où,
en cliquant sur la première image du menu on accède
à une page en HTML simple, proposant la liste des sous-rubriques.
A noter, les navigateurs textuels ne gèrent pas les scripts
: prévoir une version "no script".
Encore quelques tests
"Bobby" étudie - gratuitement - votre HTML
et vous délivre un rapport avec plein de "tapes
sur les doigts" quand il n'est pas conforme aux recommandations
du W3C et de la WAI7.
Le W3C vérifie la validité de votre code par rapport
à la norme HTML 4.018.
Eve Demazière
Notes
et sites
1 - Braillenet :
http://www.braillenet.jussieu.fr
2 - Eurobraille :
http://www.eurobraille.fr
3 - FAF :
http://www.faf.asso.fr
4 - Web Accessibility Initiative
:
http://www.w3.org/WAI
Les recommandations de la WAI, publiées en mai 1999 et
accessibles en ligne, en anglais, à l'adresse http://www.w3.org/TR/WAI-WEBCONTENT
ont été traduites par le programme d'action gouvernemental
pour la société de l'information :
http://www.internet.gouv.fr/francais/guide/w3c/w3c.html
Sur le site de La Documentation française, vous trouverez
l'intégrale du rapport de M. Descargues sur "L'accessibilité
des nouvelles technologies de l'information et de la communication
aux personnes aveugles et malvoyantes".
http://www.ladocfrancaise.gouv.fr/descargues
5 - Tout ceci étant
réservé à une population aisée...
Le logiciel permettant le transfert à l'afficheur braille
et la synthèse vocale coûte entre 5 000 F et 14
000 F, le lecteur braille, entre 30 000 et 100 000 F, sans oublier
la formation à Windows, au logiciel et à l'Internet.
6 - Voir le site de BrailleNet
pour une liste complète.
7 - Bobby :
http://www.cast.org/bobby
8 - Vérificateur
du W3C :
http://validator.w3.org