Hadopi V2 : retour du fond blanc

, par Yanic Gornet

Petite victoire très provisoire en ce début d’été 2009 : le projet gouvernemental Hadopi a temporairement échoué. Le Conseil constitutionnel a censuré le dispositif de la riposte graduée qui permettait qu’on puisse avoir son accès internet coupé sans aucune décision de justice.
Cette censure entrave sérieusement l’efficacité des punitions que souhaitait infliger le gouvernement aux téléchargeurs impénitents.

C’est une défaite pour les industriels de la musique et de la vidéo qui devront trouver d’autres méthodes que leur vieux modèle économique pour préserver leur richesse. Les ingénieurs ont inventé des outils qui permettent de reproduire à l’infini les biens numérisables, tels les sons, les images, les textes. Les consommateurs ont très bien compris le parti qu’ils pouvaient en tirer : faire circuler les copies du fichier que l’on détient, voire que l’on a acheté une fois. Autrement dit, faire circuler des biens culturels, les partager, finalement les rendre accessibles comme jamais.
Il en faut souvent moins que cela pour bouleverser une chaine de profit !

Ce qui est proprement écœurant là dedans, c’est la façon dont les locataires actuels de l’état ont réagit : au lieu d’assurer l’impartialité de l’état, ils ont une fois de plus pris le parti des réactionnaires, des nantis arrogants contre la jeunesse, l’innovation, la projection dans l’avenir, le défi. Espérons que le jour où nous les chasserons, ce sera pour faire autre chose que donner des coups de bâton sur la vie qui s’invente.

En attendant et dans la logique de cette compromission déliquescente, l’état prépare donc sa version 2 de l’Hadopi : à l’aide de quelques pirouettes réglementaires, il s’agit toujours de redonner la main à une autorité administrative sous couvert théorique de la justice pour prononcer la toujours fameuse sanction qui tue : "vous êtes privé d’internet parce que votre adresse est réputée participer à l’échange de fichiers protégés par un droit d’auteur". De la même façon qu’un policier est habilité à dresser une contravention parce que votre véhicule stationne sur un endroit interdit. Sauf que la condamnation prévue dans la cas d’internet est équivalente à celle de vous interdire totalement de circuler, y compris à pied et sur le trottoir...

Enfin tout cela pour vous dire que nous avions peint le site de Globenet en noir, le temps du combat contre l’Hadopi V1, et que nous reprenons notre blancheur sans baisser la garde pour autant, bref sans illusions.